dimanche 19 juin 2022

Fugue Alpestre d'un vagabond.

 Une voix intérieure me susurrait à l'oreille depuis longtemps que c'était le moment de poursuivre ma traversée des Alpes. Je n'ai pas pu résister à cet appel. 

Tu dois bien savoir ce dont je parle.

Une envie de se sentir vivant, 

d'oublier ses misères les cachets les prises de sang,

de ne plus se souvenir de son âge, ou du moins de faire semblant, 

de continuer à rêver....

Je repars donc de Guillestre, la porte du Queyras. 

Chapelle Ste Marie-Madeleine au Col de vars.

Ce fut d'abord le col de Vars.

Une sacrée grimpette qui vous prend à froid dès la sortie du camping.  La station de ski est d'une affligeante  banalité. Pourtant, elle continue à attirer la clientèle si j'en juge les nouvelles constructions actuellement en cours. 

Je me serais bien arrêté au refuge Napoléon qui se trouve non loin du sommet, mais je pars si tôt le matin, pour ne pas trop souffrir de la chaleur, qu'il est encore fermé. 

Dommage je rêvais d'un bon café. Ce n'est pas grave, il y aura bien la boutique du col qui pourra me satisfaire. Hélas nouvelle déception, elle est fermée, des travaux importants sont menés pour une réfection totale des parkings. 

 

20 km de montée depuis Guillestre.

Chouette, je vais prendre congé de la cinquantaine de mouches qui m'ont gentiment accompagné tout au long de la montée. Qu'elle trouvent désormais un nouveau cycliste !!

La descente coté Ubaye est superbe. Je termine cette étape au camping municipal de Jausiers village agréable et vivant. 

Le gros morceau est devant moi. Encore une fois il vaut mieux partir tôt. Je me lève vers 5h et à 6h je pédale déjà pour profiter des meilleurs heures de la journée. Je me fixe un objectif: moins de 5h pour arriver au sommet. C'est pas trop ambitieux pour 24km !! Et bien, objectif atteint!

Je suis face à moi-même, la pente est rude. C'est vraiment pas simple et je décide de faire une pause et grignoter  toutes les demi-heures comme cela m'a été bénéfique lors de la montée du col de Vars.

Il faut être honnête, c'est dur de grimper avec un vélo chargé.... Pourtant j'ai fait des efforts énormes pour ne prendre que le strict minimum. Cette fois-ci je pars avec 4 petites sacoches qui me permettent de mieux repartir le poids sur le vélo.

La forêt de mélèzes a fait place à la pelouse alpine.


2800 m c'est le domaine de la haute montagne. La végétation a disparu.

Les nombreux cyclistes que je croise ont souvent des mots d'encouragement à mon égard et cela me touche beaucoup. 

Une cycliste m'a dit " Nous on est des petits par rapport à vous, c'est vous le héros de la journée". c'est certainement exagéré mais ce compliment m'a fait du bien pour finir le dernier kilomètre avant le sommet.



Pèlerinage aux cimes. Difficile de faire plus haut !!

Pour varier les plaisirs, je décide de rejoindre le hameau de Bayasse par le vallon de la Moutière. C'est un chemin d'apparence carrossable. Il me réservera quelques surprises!


Voilà le chemin de descente que je dois emprunter. En face, le col et la Cime de la Bonette que je viens de quitter.



La définition du bonheur pour certains ....



Vallon de la Moutière. Les alpages sont encore vides.

Bivouac dans le mélézin.

Hameau de Bayasse au débouché du vallon de la Moutière.


Durant tout le voyage les odeurs de tilleul m'ont accompagné. C'est la pleine saison de sa floraison. 

le bivouac du coté du village de Bayasse m'a permis de bien me reposer avant d'attaquer le col de la Cayolle. A peine 10 km de montée. 

Comme je pars tôt je n'ai rencontré personne jusqu'au col. Ni vélo, ni voiture, ni moto, juste de nombreuses marmottes venues me saluer et m'encourager par leurs cris stridents.

Ce col est incontestablement le plus beau. 

Le gravir seul sans aucun autre bruit que celui de la nature est un grand bonheur.


Vous êtes prévenu...


Encore un col d'encapé. Comment vous dire le bonheur?....


Descente des gorges du Bachelard jusqu’à Barcelonnette.

Il faut déjà penser au retour. Une dernière halte au Lauzet-Ubaye.

Puis après avoir longé le lac de Serre-Ponçon au petit matin, c'est déjà Embrun pour une dernière pause avant de retrouver Guillestre et ma voiture qui m'attendait sagement.

Lac de Serre ponçon au lever du jour.


Lac d'Embrun, Dernier arrêt avant le retour sur Guillestre.

Bilan

200km parcourus, plus de 4000 m de dénivelés et surtout beaucoup de bonheur engrangé précautionneusement au fond du cœur.

Extrait: Le temps qui reste, interprété par Serge Reggiani.

Combien de temps...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon coeur bat si fort...
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps...
Combien ?
Je l'aime tant, le temps qui reste...
Je veux rire, courir, pleurer, parler,
Et voir, et croire
Et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir, désobéir
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, parti, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste
Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
Et que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
Le temps c'est comme ton pain...
Gardes-en pour demain...
J'ai encore du pain
Encore du temps, mais combien ?
Je veux jouer encore...
Je veux rire des montagnes de rires,
Je veux pleurer des torrents de larmes,
Je veux boire des bateaux entiers de vin
De Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix...

5 commentaires:

  1. Ah mon cousin comme ton récit me bouleverse ! Tout y est simple authentique sans emphase inutile juste toi ton défi, ton effort, la nature le dépassement de toi ! Je t’aime fort mon cousin comme j’aurais aimé te voir plus souvent nous avons cet adn Deroide qui nous lie c’est indéniable ! Et ce goût de la solitude dans les grands espaces de nature ….à la rencontre des forces telluriques, et de nous-mêmes ! Infiniment bravo cher Patrick ! J’aime tes carnets de voyage (qu’on appelle blog … ce mot me fait moins rêver 😉)
    Mille bises de ta cousine pleine d’admiration ! Dis bien bonjour à Magali !

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  2. Tu es loin, loin d'avoir fini. Loin, loin d'avoir fini d'être le héros du jour, mais aussi de ceux d'après-demain. D'avoir fini de nous inviter dans ton pays, la vie.

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  3. Tu m'as presque tout raconté (enfin, ce qui peut se raconter....) mais te lire est un régal. Tu devrais penser à écrire un livre.
    Prépares ton prochain périple avec Magali.
    A bientôt. Jean-Pierre

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  4. T'es un champion Patrick !!!!
    Tes photos font rêver et la performance m'impressionne.
    Amitiés
    Roger

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  5. Ficelle de caleçon!!!!

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