vendredi 26 janvier 2024

Croisière patagonnienne

Au revoir Puerto Natales.

 
Le navire esperanza.

 

J'ai pris place dans ma cabine. la 620. 8 couchages, nous sommes 4. Un anglais, un écossais, un espagnol et moi. Ce sera bien agréable car il n’y aura personne au dessus de nous. Le rideau permettant une bonne intimité, la croisière de trois nuits s’annonce magnifique.

Hervé le jeune grenoblois de 37 ans est vraiment sympathique. nous allons passer ensemble de bons moments. C’est son premier voyage à vélo. Il est de Luc en Diois.

Quel beau paysage autour du bateau. J’écarquille les yeux pour tout retenir, ne pas oublier, rien occulter, et vivre avec ces émotions qui seront gravées pour toujours au fond de moi.

Le premier sentiment qui me vient, c’est la gratitude. C’est tout d’abord un luxe d’être ici. C’est l’expression du possible, tant sur le plan de la santé que financier et aussi ne l’oublions pas familial. Les planètes une nouvelle fois étaient alignées, il ne m’en fallait pas plus pour décider de ce voyage.

A peine partie la mer est déjà bien formée. Elle est blanche. C’est magnifique.

C'est parti, les yeux se mouillent tout seul ...


Plus qu'à se laisser vivre.

Bonne première nuit passée dans le bateau. vite un petit déjeuner. J’essaye de faire attention à ce que je mange. aucun jus de fruit, rien que de l’eau… et surtout ne pas se goinfrer. D’ailleurs je sors de table que j’ai déjà faim….
Quand le bar sera ouvert je m’accorderai quand même un petit café. il ne faut pas abuser tout de même….

En ce moment le bateau longe l’ile Chatham, elle est située dans le parc national Kawésqar.

Je viens de me commander un café. Sans raison les larmes arrivent sans prévenir. Peut être devant tant de bonheur, d’immensité que mon petit cœur a tenté de saisir durant ce voyage….
En plus la café est bon et bien moins cher qu’à Puerto Natales !

La musique arrive. Depuis 7h ce matin c’était le silence. Pourquoi le rompre? pourquoi doit' on imposer le bruit. De partout, les magasins, dans la rue parfois. Notre peur ancestrale du néant, du vide qu’il faut combler?

Mon voisin de chambre est écossais. Anker,  il vient ici 8 semaines. Sur les traces de son grand père qui était ingénieur dans les bateaux au siècle dernier. Il est passé à Punta Arenas puis ira aussi sur ses traces à Valparaiso. J’aime ces voyageurs avec un dessein précis. Cela fait de lui, non un touriste mais un voyageur au sens noble du terme…

Encore une fois je croise dans ce bateau des personnes  avec des histoires à vivre, à partager…..
Je remplis ma besace de ces mille petites choses qui font tant de bien.

Un Hollandais vient me voir. Tu habites Sète?
Nous t’avons croisé plusieurs fois. Tu ne te souviens pas de nous…..
Heu…. ne me dites pas que vous me confondez avec Jean Francois qu’ils ont rencontré à plusieurs reprises entre Cerro Castillo et Rio Tranquilo?….  Ben si... Hans et sa femme Margarita voyagent en Patagonie pour la septième fois ! Ils sont vraiment agréable.


Seul, devant l'immensité, à rêver...


J’ai pu aussi mieux discuter avec Hervé. nous avons des passions communes, comme la dent de Crolles, la spéléo et des connaissances communes dans ce domaine. Incroyable….
D'autant plus que nous découvrons que Sandra, une amie à lui est la meilleure amie de ma fille Claire....

Anker, le couple de Suisse et moi...


Ce couple est vraiment atypique. Elle est Chilienne. Ils sont venus en bateau de croisière, la seule façon de traverser l'atlantique sans prendre l'avion. Nous avons bien rigolé avec leur description de l'ambiance dans ce type de croisière.... Pour le reste, ils voyagent comme les jeunes, en bus et sac à dos.... Lui regrette que sa femme n'ait pas voulu venir en vélo car ils roulent aussi beaucoup en vélo. je crois que leur ai fait envie!

 

Puerto Eden.

 Le bateau s’est arrêté en face de Puerto Eden. des bateaux se sont approchés. Des personnes sont, semble t’il, montées à bord. Du poisson peut être aussi.

Ici, il y a du réseau. Tous les passagers qui ont la possibilité de téléphoner se ruent sur leur portable pour réceptionner leurs messages, envoyer leur mails. Tout le monde s’affaire….
Dommage, il n’y a pas de Wifi libre ici. j’aurai bien envoyé une partie de mes histoires à Magali.

Cette alchimie du groupe commence à se créer.

Demain 4H du matin ce sera le golfe de Penas, où la houle du  pacifique fera tanguer le bateau pendant de longues heures... Je m’y prépare un peu. Déjà je viens de prendre ma douche. Difficile de rester dans la salle de bain si tout bouge. Pas de sieste car je vais essayer demain de me lever le plus tard possible sachant qu’à 9H le petit déjeuner ne sera plus servi….

Ce qui me surprend ici, à part Puerto Eden cet ilot de vie au milieu de nulle part, c’est l’absence totale de présence humaine. pas de trace d’avion, pas de pylônes, pas d’exploitation. Nada….


Je mesure le bonheur total d’être ici...

Lentement le bateau lève l’ancre pour poursuivre sa route.
 

La nuit est déjà tombée que le bateau longe l’épave du "Capitaine Leonidas" échouée en 1968 sur un ilot appelé  Bajo Cotopaxi.

4H30, le bateau file devant l’ile Wager. Je languis de lire le livre relatant le naufrage de ce bateau en 1741.

Je n’ai pas trop bien dormi et je me sens vaseux. Le manque de sommeil, un léger mal de mer?

Des baleines sont dans les parages. Certains les ont vues. Pas moi !!!
Je scrute l’horizon à la recherche du moindre souffle. seul le ballet des albatros autour du bateau rompt la monotonie du voyage.
Ils sont si beaux, si expressifs, l’expression de la légèreté et de la liberté.

aujourd’hui c’est plutôt mode survie. Éviter au maximum le mal de mer…. A tout prix…..

Après une sieste réparatrice, je découvre à mon réveil que le bateau est redevenu stable. Le bonheur retrouvé.
19H30. J’ai déjà diné. J'avais faim. Le bateau longe l’ile Guerrero !
Je me rends compte que c’est déjà le dernier soir…
Vite profitons de la dernière soirée.

Que dire de ces 2 motards canadiens qui voyagent ensemble sur une vieille moto.... ils renverront leur moto de Santiago en Pologne, car c'est beaucoup moins cher que de la rapatrier au canada.... pour la suite....

Williams et Emma étudiants en médecine qui s'accordent une année de césure . ils ont acheté un vieux Volkswagen qu'ils revendront sans souci à la fin du voyage. Le même véhicule que mon fils Arthur. 

Julien et Marguerite de la région parisienne. Ils voyagent également en véhicule durant plusieurs mois.

Les soirées se passent vite ainsi à partager des brides de nos vies.

Golfe d'Ancud. Le volcan Osorno déjà en vue....

Que c'est déjà l'arrivée !

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire


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